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J'adore le ciné depuis que je suis toute petite. Aujourd'hui je débute mon blog pour diffuser ce que je pense.

15 Jun

Requiem

Publié par Joulietta

Requiem

Durant le braquage d'un pavillon, une bande de malfrats massacre une famille entière. Seul Christian s'oppose à ses complices, ce qui lui vaut d'être abattu par Marcus, le chef de la bande. Laissé pour mort, Christian décide d'expier ses péchés dans un monastère, et devient moine. Les années passent, et lorsque le reste de la bande s'échappe de prison, ils échouent dans le monastère où Christian vit dans le remord. Alors qu'une ombre plane au dessus de ce heureux hasard, l'ancien criminel va devoir retrouver ses anciennes pulsions afin de lutter contre le diabolique Marcus et ses acolytes…



Sérieux comme un pape

Lorsque l'on évoque l'état actuel du cinéma de genre français, on en peut s'empêcher de faire la moue. Entre les productions Besson, les Bloody Mallory, Samouraïs et autres Percutés, on a de quoi se faire du souci et regretter Le Pacte des loups, Nid de guêpes, Les Rivières pourpres et autres Doberman… Alors que l'été est sur le point de se conclure sur un bilan particulièrement catastrophique (que des daubes), Bee Movies et Fidélité production y croient une fois de plus et nous livrent leur nouveau bébé, Requiem. Cette fois-ci, pas de kung-fu, pas de monstres, mais un polar sombre qui pourrait bien représenter le bout du tunnel…



Respect du genre


La première moitié de Requiem est plutôt réjouissante : ambiances tendues, tronches cassées, caméra nerveuse… C'est la meilleure chose à retirer du film d'Hervé Renoh : un certain respect du genre, qui fait plaisir à voir. En effet, là où la plupart des récentes productions de genre hexagonales se perdent dans les sables mouvants du "tous publics" (humour vaseux, asservissement aux modes du moment, pompage servile des recettes hollywoodiennes et hong-kongaises…), Requiem préfère rester sérieux, et ne dévie jamais de cette ligne de conduite : le film illustre une histoire de rédemption par le sang, une lutte à mort entre le mal et le "moins" mal… Avouez qu'un sidekick comique ou quelques coups de pieds retournées auraient été malvenus ! Renoh trouve donc un juste ton, donne à son film un rythme soutenu, et rend même un hommage sincère à tout un pan du cinéma de genre italien des années 70, tant son métrage et ses cadrages louchent vers des ambiances chères à Leone ou à Lucio Fulci (on pense aux 4 de l'apocalypse dans la description d'un univers paisible qui vole en éclat après l'intrusion du mal). Si l'on sent que la réalisation tâtonne un peu dans cette première moitié, elle a le mérite de tenter de garder l'équilibre entre stylisation et rigueur. On est donc impatients d'assister à l'affrontement entre Christian et Marcus, d'autant que ce dernier est un personnage vraiment réussi, un méchant malfaisant et impitoyable, formidablement campé par un Moussa Maaskri particulièrement impressionnant. Tout est en place pour que la seconde moitié du film soit encore plus jouissive que la première…


Requiem for Requiem



Malheureusement, à ce stade, Requiem souffre de quelques défauts majeurs, à commencer par une manque de moyens flagrant. Si la tension a été efficacement entretenue auparavant, elle retombe comme un soufflé dès que l'action s'installe dans le monastère, en raison de trop longues plages de dialogues qui ne font pas vraiment avancer le schmilblick. N'ayant pas l'argent nécessaire pour entrecouper ces scènes avec quelques moments d'action, Renoh tente vaille que vaille de maintenir l'attention du spectateur en accentuant ses effets de style. Résultat, l'équilibre trouvé en début de métrage bascule en la (dé)faveur d'un festival de caméras secouées dans tous les sens, de montage incompréhensible et d'usage excessif de flashs stroboscopiques… Fatiguant pour les yeux, tout ça… Le pire étant atteint en fin de métrage, lors du combat à mains nues entre les deux adversaires : le manque de moyens PLUS la mise en scène brouillonne nous donne un affrontement totalement dénué de sens, d'espace, et de puissance. Les plans sont tellement serrés que l'on ne sait plus qui est qui, et qui fait quoi. Et l'affrontement tant attendu tombe misérablement à plat, laissant le spectateur frustré. Si la fin, avec son coup de théâtre surprise (enfin, pas vraiment, mais bon…), lorgne du coté de Usual suspects, il est trop tard pour relever le plat à l'aide d'une épice quelconque. On se consolera avec le discours sous-jacent du film, une parabole bien vue sur la mince frontière séparant le bien du mal et sur la justification de la violence, et l'on saura tout de même gré à Hervé Renoh d'avoir pu prouver qu'il reste possible, en France, de faire du cinéma de genre sérieux et respectueux, sans pour autant céder aux sirènes du profit facile et du cynisme à tout crin. Si Requiem déçoit quelque peu, il demeure un signe d'espoir salvateur…

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